Le désastre de Deepwater Horizon était-il évitable ?
Comme toute grande catastrophe les causes sont systémiques et forment un ensemble inextricable. Pourtant de tels événements n'arrivent pas à toutes les entreprises, car leurs approches de la sécurité sont différentes, dictées par leur Monde.
Dans le cas de BP les experts mettent en avant un décalage culturel profond dans son approche de la sécurité. Suite à des accidents précédents, en particulier une raffinerie au Texas, BP avait mis l'accent à fond sur la sécurité des personnels : éviter les accidents du travail, fréquents, par toute une série de normes. En revanche elle n'avait pas construit une culture de la sécurité pour des grandes catastrophes, très peu fréquentes.
BP exigeait que les tasses de café portent un couvercle mais elle n'avait pas de processus pour faire un test de pression négative sur un puits en eau profonde.
Cette immense entreprise avait construit un Monde sécurité inadapté à la gestion des catastrophes.
- Erreur de représentation du problème ?
- Incapacité, malgré des efforts réels, à faire évoluer sa culture pour adresser des événements qui n'arrivent pas tous les jours ?
BP n'avait pas le Monde sécurité voulu, et en tout cas n'a pas su l'atteindre.
Ainsi le CEO démissionné, Tony Hayward, s'étonnait encore que la catastrophe Deepwater Horizon soit survenue l'année où tous les indicateurs sécurité de BP étaient en progrès.
Quelle leçon tirer de ce cas exemplaire ?
Vos stratégies, vos décisions sont prises en fonction de votre Monde, c'est à dire de vos représentations. La catastrophe financière, écologique, industrielle arrive statistiquement très rarement, - le cygne noir -
Elle n'est donc pas a priori la source de nos représentations collectives. nous n'avons pas les outils instinctifs pour l'appréhender. Même si c'est le cas, nos pratiques quotidiennes, notre Monde historique, évacuent les efforts pour concrétiser la représentation de la catastrophe.
BP a ainsi lancé des programmes ambitieux de formation et d'éducation sur les préventions des catastrophes. mais ces actions sont restées théoriques, loin d'un Monde vécu, mesuré, reconnu. La surface, l'apparence était là, mais c'était très loin de constituer un Monde habité.
Quelles sont vos recommandations pour le nouveau CEO de BP, Robert Dudley, qui va rencontrer exactement les mêmes difficultés culturelles et opérationnelles?
Quelles sont les passerelles qui lui permettront d'atteindre le monde sécurité cible, celui des Personnes ET des Catastrophes ?
Laurent Dugas
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