Alors que Sam Altman vient d’être réintégré à la tête d’Open AI à la suite d’un imbroglio de gouvernance digne d’un polar inimaginable en France, je vous propose de nous intéresser au Monde personnel de Sam Altman.
Que nous révèle son parcours et les dernières péripéties sur ses modes de pensée et d’action ? Que pouvons-nous apprendre de lui ?
D’abord, un parcours qui répond à l’équation des créateurs de la tech US :
« étude informatique université de premier plan x arrêt en cours pour créer une start-up x échec formateur x rebond exponentiel = succès »
Né à Chicago en 1985, Sam Altman s’intéresse tôt à l’informatique. « Être un jeune homosexuel dans le Midwest n’était pas des plus faciles. La découverte, adolescent, des salons de discussions sur internet a tout changé pour moi », confiait-il en 2016 au magazine The New Yorker. La suite de son parcours épouse les classiques de la tech US. Le jeune Altman intègre Stanford en 2003, avant d’abandonner sa licence en informatique pour lancer avec des amis une start-up : Loopt, qui permet aux utilisateurs de partager leur géolocalisation en temps réel. Si Loopt voit sa valorisation tutoyer les 100 millions de dollars, l’application ne décolle pas, faute de répondre à un réel besoin. En 2012, elle est revendue pour 43 millions de dollars à Green Dot Corporation. Sam Altman en profite pour prendre du recul et se plonge dans les livres. Investissement, nucléaire, biotechnologies, intelligence artificielle : « les graines étaient plantées pour la suite ». La suite, c’est Hydrazine Capital, un fonds dédié aux start-up en phase d’amorçage. Il y réinvestit les 5 millions de dollars perçus lors de la revente de Loopt et lève 20 millions supplémentaires auprès, notamment, du très influent Peter Thiel. En trois ans, la valeur du fonds est multipliée par dix. Il se rapproche de Paul Graham, cofondateur du prestigieux incubateur de start-up Y Combinator. Sam Altman en est propulsé président en 2014. 2015 est une année pivot. Sam Altman fait partie, aux côtés d’Elon Musk et d’une dizaine d’entrepreneurs et chercheurs, des fondateurs d’OpenAI, centre de recherche sur l’intelligence artificielle à but non lucratif. Ce petit groupe s’inquiète des travaux sur l’IA menés dans l’ombre des laboratoires de grands groupes. OpenAI plaide pour une recherche de pointe ouverte et transparente.
Abordons maintenant les axes clés de sa manière de penser et d’agir, son Monde, au sens de P-VAL.
En majeur, le Monde de l’inspiration. Sam, comme tous ces fantastiques créateurs de la Silicon Valley, est à la recherche permanente d’idées nouvelles : les études sont un moyen d’apprendre pas une fin en soi. Donc dès qu’il se sent happé par une idée, il fonce. Il prend le temps de faire des pauses pour apprendre, il se place dans des fonds incubateurs parce que ce sont les endroits où les idées arrivent et foisonnent.
Toujours en majeur et beaucoup plus original, le Monde de l’Opinion. Sam Altman a appris des erreurs de ses pairs dans la Silicon Valley. Plutôt que de fuir les politiques, le créateur de Chat GPT rencontre en quelques mois une centaine d’élus et membres des cabinets de l’Administration Biden. Sam a compris que dans l’environnement actuel, il faut expliquer, convaincre à tous les niveaux et donc être visible « dehors ». Et ce rôle de porte-parole, vous ne pouvez pas le déléguer réellement, comme a tenté de le faire Marck Zuckerberg avec Sheryl Sandberg. C’est pourquoi Sam a lancé sa «tournée diplomatique», au printemps 2023. Des dizaines de capitales visitées, des entretiens auprès des chefs d’État et de gouvernement d’Europe, d’Asie et du Moyen-Orient, des discours dans de grandes université. Le tapis rouge a été déroulé pour le directeur général d’OpenAI, une entreprise inconnue du grand public il y a encore un an et qui a désormais l’oreille des grands décideurs.
Ce Monde de l’opinion est un canal qui doit être adossé à un solide vecteur pour avoir une cohérence, une verticalité personnelle qui génère l’impact voulu.
Ici la mission que Sam s’était fixée avec Open AI renvoyait au Monde Civique, à l’intérêts supérieur commun. L’IA rentre dans une phase où elle va avoir un impact prodigieux pour nos vies. Cela peut être pour le meilleur comme pour le pire. Il faut donc la protéger des appétits voraces des grands groupes privés ou d’états peu scrupuleux. Sam martèle partout le même discours : la régulation de l’IA est nécessaire pour encadrer les futures super-intelligences. La gouvernance non lucrative d’Open AI avec le partage des codes allait dans ce sens.
Oui mais voilà, tout a changé avec l’irruption brutale du Monde Marchand. Il faut toujours plus d’argent pour développer Chat GPT au risque d’être dépassé par les concurrents voraces qui se sont brutalement réveillés. En 2018, Sam Altman et d’autres administrateurs trouvent une idée originale : OpenAI, chapeauté par une fondation, va ouvrir une branche commerciale pour attirer les capitaux nécessaires à ses recherches. Peu de temps après, Sam Altman rencontre Satya Nadella, PDG de Microsoft, en marge d’une conférence.: Microsoft investit 1 milliard de dollars - qui deviendront 10 en 2023 - et obtient l’exclusivité des déclinaisons commerciales des futures découvertes d’OpenAI, qui cesse ainsi de partager ses découvertes.
La crise de gouvernance vécue ces derniers jours provient de ce choc entre les deux Mondes Civique et Marchand, deux Mondes prompt à se diaboliser l’un l’autre, incarné semble-t-il par la « trahison » du Directeur Technique qui aurait fait basculer la majorité du Conseil d’Administration et entrainé l’éviction de Sam Altman.
Mais cette crise semble avoir été résolue par l’irruption d’un quatrième Monde : le Monde Domestique. Les collaborateurs d’open AI ont fait corps avec leur dirigeant. Quand 95 % de ses salariés signent une lettre réclamant le retour de leur patron en mettant leur démission dans la balance, c’est le signal fort d’un esprit collectif, incarné autour de l’équipe dirigeante. Je ne connais pas les talents de manager de Sam Altman, mais ils sont surement importants pour générer une telle solidarité dans des populations traditionnellement très indépendantes.
En synthèse, cette analyse Monde vous donne les lignes de force qui agissent autour du futur d’OpenAI et de la régulation autour de l’IA.
- D’abord une synthèse non résolue entre Monde Civique et Monde Marchand. C’est possible mais très complexe.
- Ensuite, le moteur de notre culture occidentale depuis l’an mille : le Monde de l’Inspiration, incarné entre autres dans l’innovation technologique. Ce n’est pas fini, cela tend même à s’accélérer : comment s’adapter à un train technologique lancé à toute vitesse ?
- Enfin note positive et humaine, tout in fine est affaire d’hommes et de femmes qui veulent vivre ensemble : c'est le Monde Domestique comme matrice à ne jamais oublier !
Parvenir à capitaliser sur les racines de votre Monde historique pour vous projeter dans le présent et futur avec votre Monde voulu, votre « Monde Meilleur » est la raison d’être de P-VAL. C’est notre travail quotidien avec nos clients, avec des outils puissants et des consultants inspirés.
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