Le dernier "ON" des candidats. Après Fillon,
Macron, Hamon, c'est au tour de Mélenchon. Que dire de lui ? Même
précaution que pour les autres, un décryptage avec la grille des Mondes de
référence de Luc Boltanski et Laurent Thévenot, pas une analyse politique.
Jean-Luc Mélenchon a trois Mondes dominants. Et ce qui est très
intéressant est qu’il sait parfaitement les nourrir et les utiliser.
Son Monde de l'Inspiration
est structurant. Il suit son intuition, plus que ses raisonnements. C'est
pour cela qu'il est un excellent débatteur. Là ou d'autres vont être en
contrôle, en calcul, lui est spontané et sait capter l'humeur du moment. C’est
d'ailleurs étonnant qu'il ait refusé de participer au dernier débat du premier
tour car il sait profiter de ces arènes. Deviendrait-il calculateur ? Son Monde
de l’inspiration le pousse aussi à travailler ses idées. Il lit, il apprend, il
intègre les nouvelles tendances sociétales, l’écologie par exemple.
Son autre facette marquante est évidente. Son Monde de l’Opinion est démesuré. Il a
besoin d'être vu, de faire le show. La campagne présidentielle est son heure de
gloire. Comme il doit s'ennuyer entre deux élections. Il sait ce qui fait du buzz
et il en joue pleinement. Il a parfaitement compris comment contourner les
medias traditionnels, 230 000 followers de sa chaîne YouTube, 200 000
lecteurs régulier de son blog. En associant ses Mondes de l’Inspiration et de l’Opinion,
il a su réinventer l’exercice du meeting politique. Un véritable spectacle,
seul en scène, l’arpentant, sans note. Et l’hologramme quand il faut se
démultiplier et faire parler de lui.
Son Monde Domestique
est aussi très fort. Mais pas un Monde Domestique de parti, il n’a pas de clan,
pas de cercle rapproché, c'est un solitaire, le reste du Front de Gauche est
transparent. La grandeur de ses équipes est de pouvoir dire « Jean-Luc ».
Son Monde Domestique est celui d’un professeur, d’un guide, d’un chef. Il se
voit comme un théoricien de la pensée politique qui doit éduquer les masses.
Sur tout. Et même sur la nécessité de manger moins de viande. Il écrit des
livres et dit que son ambition est que ses livres soient lus. Ses modèles sont
des leaders, et peu lui importe leurs dérives autoritaires ou économiques. Hugo
Chavez ou Fidel Castro.
Mais Mélenchon ne veut pas être élu. Il n’a pas ce besoin grâce
(à cause) d’une absence totale de Monde Marchand.
C’est un naïf qui explique souvent comment Francois Hollande le roulait dans la
farine à chaque congrès du PS quand il en était membre. Il n'est pas dans une logique de pouvoir, d'organisation. Il est là pour
jouer, prendre du plaisir, pas pour gagner. S'il avait été Marchand, il se serait allié avec Hamon.
Civique ? Oui sûrement
par son idéalisme, mais sans la profondeur et l'engagement d'un Hamon. Mélenchon
est un révolutionnaire embourgeoisé qui rêve plus qu'il ne veut agir. Dans ce même
registre, son Monde Industriel est réduit. Il sait qu’il ne sera pas élu, il n’a
pas besoin de se projeter dans la mise en œuvre de ses idées.
En synthèse, Jean-Luc Mélenchon n'est pas un homme de
pouvoir, il n'est pas un animal politique. C'est un bateleur, un agitateur. Amusant mais un peu vain.
Laurent Dugas
...vain...et dangereux!
RépondreSupprimerDangereux pour qui ? Les profiteurs du libéralisme économiques ? Pas bien grave.
SupprimerPas si vain, dans la mesure où 5 ans plus tard il a réussi à fédérer les espoirs d’une jeunesse qui a massivement voté pour lui, un parti qui voit éclore de nouveaux talents politiques (Ruffin, Quatrennens, Guette, etc), les restes des autres partis de gauche dont il prend la tête….
RépondreSupprimerFinalement, son monde de l’Inspiration répond à un profond besoin de changement dans le monde politique qui s’était enfermé dans une dérive industrielle et domestique aussi lénifiante que stérile. Le vieux slogan de l’imagination au pouvoir semble enfin d’actualité.
Et surtout, il a remis sur la table les sujets sociaux dans une radicalité qui avait disparu des partis traditionnels. Ça a son mérite quand les classes laborieuses sont les grandes oubliées des 40 dernières années.
In fine il prend sa revanche sur Hollande, il remporte un congrès du PS par l'extérieur. Quelque part il a fait la même chose que son mentor, François Mitterrand, qui prend le PS à partir d'un courant à l'origine minoritaire au congrès d'Epinay.
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