Un Monde Meilleur est-il un Monde plus Juste ?

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« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » Antonio Gramsci ((1891-1937)
Nous vivons une période qui peut correspondre à cette citation. Notre Monde, historique, fait de la résistance, malgré la prise de conscience de la finitude de nos ressources et du réchauffement climatique induit par notre activité croissante. Simultanément nous peinons à concevoir un nouveau Monde qui nous permettrait de survivre.
Entre les deux, si nous n’y prenons pas garde, les risques de « Monstres », Mondes violents, inadaptés, existent, comme le prouvent des guerres que nous n’aurions pas crues possibles il y a deux ans. Aujourd’hui pour la première fois de l’histoire humaine nous risquons de nous trouver en exil de notre propre Monde, devenu invivable.
A son échelle modeste, c’est l’enjeu de P-VAL dans sa démarche « Monde Meilleur ». Crée en 1994, P-VAL s’est positionné dès 2008 sur la création de Mondes auxquels les personnes ont envie d’appartenir. Jusqu’à présent nous l’avons fait au service de nos clients : vous voulez un Monde Agile ? parfait ! Un Monde de croissance B2B ? En route ! Un Monde Low-cost ? Allons-y ! …
Aujourd’hui nous voulons dépasser cette approche en guidant nos clients vers un Monde Meilleur. Pour expliciter ce que veut dire Monde Meilleur, nous convions nos consultants et des clients, amis, relations à des ateliers de philosophie pour ouvrir le champ de réflexion.
Nous partageons ici les grandes lignes de l’atelier du 18 octobre.
Notre atelier du 27 septembre a mis en évidence qu’un Monde devient meilleur s'il est rendu plus commun et durable. Mais tous les Mondes méritent-ils de durer et d'être partagés ?
La première qualité d’un Monde Meilleur est sans doute d’être un Monde qui est le moins injuste possible, c’est-à-dire le moins destructeur possible. D'ailleurs, aucun Monde ne peut durer sans contenir un certain degré de justice. Prenons l’exemple du Monde des Bandits : si ces derniers sont injustes envers les Mondes qu'ils pillent, ils sont justes dans leur propre Monde : ils ne peuvent se comporter entre eux comme ils se comportent avec les autres.
Qu'est-ce qu'être juste ? On pourrait dire qu'être juste, c'est rendre à chacun ce qui lui est dû, comme Glaucon dans le Livre I de La République. C’est le principe du don et du contre donCependant, faut-il rendre un don à celui qui va mal l’exploiter et qui va peut-être commettre un acte de destruction ? Emerge alors une autre justice, rendre le bien aux amis et le mal aux ennemis. Cela devient alors une lutte de clans qui se résout dans la justice du plus fort, qui dicte sa loi. Toutefois, cette loi du plus fort ne peut pas non plus se développer sans un équilibre de justice, sauf à retomber dans notre histoire du Monde des Brigands et une violence croissante.
Pour quitter ce cycle d’injustice, nous pourrions penser qu'un gouvernement est juste s'il est un gouvernement de la Raison. C'est une hypothèse envisagée dans le Livre VIII de La République.
Le monde juste pourrait être dirigé par une aristocratie de la raison. L’expérience montre que ces personnes rationnelles ne sont pas à l’abri de leurs émotions. Elles s’engagent progressivement dans une timocratie dont la justice est guidée par l’affect. En se développant, cette justice de l’affect se corrompt et devient guidée par la fureur de se distinguer. L'absence de mesure dans la recherche de distinction conduit à l'injustice. C’est le triomphe de l’oligarchie qui vise l’accumulation pour l’accumulation. Par son avidité cette oligarchie sape elle-même sa durabilité en mécontentant une part croissante de la population. La "démocratie du désir" naît alors, où chacun cherche à s'enrichir, où tous se permettent tout, et où il n’y a plus d’ordre : à chacun sa justice.
Ce qui conduit à l’émergence d’un Tyran qui assure un retour à l’ordre en imposant son désir comme loi. Le règne de l'injustice recommence.
L’évolution de pays comme la Corée du Nord, la Chine, la Russie, les USA qui semblent s’éloigner de la justice des pères fondateurs et nos démocraties européennes est révélatrice de ces tensions cycliques.
Nos Mondes sont Meilleurs s’ils se rapprochent le plus possible d’un idéal de justice. C’est-à-dire qu’ils s’autorisent le moins d’injustices possibles, s’ils maintiennent une distinction mesurée. Plus ils ont justes, plus ils peuvent durer et devenir communs.
Autour de cette idée nous avons exploré trois questions :

  1. Comment définir ce qui est juste pour un Monde, alors qu’il semble traversé par une pluralité de conceptions de la justice ?
  2. Un Monde qui instaurerait la justice en son sein mais qui serait injuste envers les autres Mondes est-il un monde meilleur ?
  3. Comment un Monde juste peut-il devenir plus durable et commun s'il se situe parmi des Mondes injustes ?

Enfin une autre question émerge naturellement, celui de l’exercice du pouvoir pour créer un Monde Meilleur.
En effet, transformer son Monde actuel pour le rendre Meilleur, plus juste, passe par la réduction du pouvoir de sa caste dirigeante. Alors que c’est justement cette caste qui bénéficie du Monde actuel. L’exemple de Michael Gorbatchev est éclairant. En ouvrant l’URSS avec la Glasnost, il a sapé son propre pouvoir.  
Comment réinventer son Pouvoir sans le perdre ? C’est une question implicite que nous rencontrons souvent avec nos clients décideurs qui ont construit leur pouvoir dans le Monde actuel et qui ont la clairvoyance et le courage de voir que ce Monde doit évoluer sous leur propre impulsion
« Monde Meilleur et Pouvoir » est un excellent sujet à aborder lors d’un prochain Atelier Philosophique de P-VAL !
 

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