Alain Le Vern a quitté ses fonctions de président du Conseil régional et de sénateur pour entrer à la SNCF. Quels enseignements Monde ?

0 commentaires


Alain Le Vern est un poids lourd politique, il devient DG Régions et Intercités avec la mission de « construire avec les élus une nouvelle génération de services TER et réinventer la relation avec les autorités organisatrices régionales ».
Pour mémoire, cette relation est aujourd'hui très tendue. La SNCF cherche à faire payer aux collectivités ses services de transport régionaux sur le registre « voilà ce que je peux faire pour vos administrés, si vous en voulez il faut payer ». Cinq milliards par an. Tout en acceptant ce principe, les collectivités ont beaucoup de sujets de mécontentement : elles réclament un droit de regard sur ce qu’elles financent, elles refusent de payer le surcoût de la réforme des régimes spéciaux de retraite que la SNCF leur facture, elles veulent reprendre la main sur les achats et la maintenance des TER, elles contestent les frais de siège, etc …

Cette nomination est une bonne occasion de réfléchir sur les solutions que se donnent les entreprises pour mieux se synchroniser avec leurs clients. 
La SNCF a choisi de nommer quelqu'un qui vient « du client ». Que penser de cette solution ?

En première analyse, elle est très intelligente.
Alain Le Vern connaît parfaitement les enjeux des élus, leurs attentes, les solutions qu’ils sont prêts à accepter, les scénarios alternatifs qu’ils envisagent, leurs marges de négociation. Il va pouvoir faire partager cette connaissance à son entreprise, pour qu’elle trouve des solutions que les élus acceptent de financer.
Dans le langage des Mondes, le nouveau DG va être la passerelle entre le Monde des clients collectivités et le Monde de la SNCF.

En deuxième analyse, il faut se poser la question de savoir s’il suffit de nommer quelqu’un qui vient du client pour resynchroniser une entreprise avec ses clients.
Oui… si les deux Mondes étaient déjà très synchronisés. Le nouveau DG est une passerelle de plus dans un dispositif qui fonctionne déjà. Cela ne semble pas être le cas.
Non… si le Monde de la SNCF est structurellement trop éloigné de celui des clients collectivités pour que cette seule nomination résolve la désynchronisation profonde entre les deux Mondes. Dans ce cas, Alain le Vern va se faire « manger » par le Monde SNCF qui sera toujours plus fort que la petite passerelle qu’il représente. Au mieux il se fera satelliser dans un rôle de négociateur de haut niveau, au pire il se fera éjecter.   

Je ne connais pas assez la SNCF pour savoir si ses problèmes avec les collectivités sont expliqués par des Mondes trop éloignés, mais voilà le conseil que P-VAL pourrait donner à Alain Le Vern, qui prendra ses fonctions le 1er décembre prochain : 

Faites le diagnostic de l’écart entre le Monde SNCF et le Monde des élus pour comprendre pourquoi la synchronisation ne marche pas bien aujourd'hui. 
Que va-t-il comprendre ? Par exemple que les collectivités ont toujours la vision d’une SNCF Service Public, tandis que la SNCF ne se voit plus du tout dans ce rôle, que sa grandeur est de continuer à tout gérer et qu’elle n’est pas prête du tout à lâcher des prérogatives à des collectivités qui veulent les reprendre. 
Avec ces écarts de Monde, trouver des solutions qui conviennent aux clients élus va être difficile. Le rôle du nouveau DG sera alors non pas seulement de servir de passerelle entre deux Mondes éloignés, mais d’être le leader capable de créer un nouveau Monde SNCF, synchronisable durablement avec les collectivités.

We can help.

Bruno Jourdan

0 commentaires :

Enregistrer un commentaire