Des écrivains pour décrypter notre monde

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Nous sortons de la période des lancements littéraires de la rentrée. Les journalistes cherchent à connaître l’état d’esprit dans lequel est l’écrivain au moment de la sortie du livre : inquiet, confiant ? Y met-il un enjeu ? Certains répondront honnêtement que oui, la plupart joueront le détachement absolu attendu d’un écrivain qui décrypte le monde mieux que personne. Grâce à quoi ? Leur recul bien entendu. Michel Houellbecq l’a bien compris: il vit en Irlande, porte un regard détaché sur notre monde, jusqu’à même orchestrer sa propre mort dans son dernier livre « La carte et le territoire ». J’ai eu un petit doute toutefois quand il introduit des amis écrivains comme Beigbeder dans son livre ou décrit son nième vernissage. N’est-il pas là trop proche de ce qu’il connaît pour en parler?

C’est là que les journalistes aguerris testent, parfois violemment, leurs interlocuteurs. Est-ce que leur livre leur ressemble ? Quelle a été la part de l’écrivain dans son livre, quelle est sa part de vécu ? Tous répondent qu’à un moment donné, leurs personnages leur échappent. Mais à quel moment ? Dès la genèse du livre, au milieu ou à la fin du livre ? L’autofiction a battu son plein ces dernières années dans la littérature française, les auteurs étaient amenés à aller assez loin dans leurs révélations d’eux-mêmes ou de leur environnement proche pour être remarquables. C’est aussi le syndrome des premiers romans nous dit-on.

Les écrivains remarqués de cette rentrée littéraire 2010 reviennent à la fiction. Peut-être en sont-ils tout simplement à leur cinquième roman…Leur maturité littéraire leur permet de raconter le monde fondée sur des histoires plus universelles. C’est ce qui a fait nos grands écrivains Balzac, Hugo, Zola, Maupassant. Ils nous apparaissent aujourd’hui comme des témoins de leur époque. Ils ont alors même fait preuve d’un formidable recul, sans parler de la justesse intemporelle des caractères humains qu’ils ont mis en scène.
N'est-ce pas ce qui a rendu Houellbecq remarquable parmi tous nos écrivains actuels?

Le temps économique n'est certes pas celui des écrivains...quoique...Nous aimons à penser que savoir décrypter notre monde et celui de nos clients est notre première responsabilité de conseil. Qu'en pensez-vous?

Frédérique

1 commentaire :

  1. Décrypter, c'est comprendre, traduire avec une grille de lecture ou une clé de décryptage.
    En effet, cela demande de prendre position, de porter un regard, et donc d'avoir un point de vue.
    Cela exige surtout un pré-requis : une motivation pour décrypter. Qu'est-ce qui justifie le décryptage ?

    Le moteur de Balzac, Hugo, Zola et Maupassant était leur conscience politique, parfois traduite en engagement. La nécessité intime et profonde, pour eux qui étaient ancrés dans la cité, de porter un regard, d'affirmer un point de vue qui résonne dans leur époque.

    Houellebecq n'a pas de motivation, pas d'ambition, pas de moteur autre que narcissique. Son regard ne porte pas plus loin que son nombril, sauf s'il a une érection. Comment pourrait-il alors avoir un point de vue sur le monde ?
    Houellebecq est au mieux un témoin de notre époque. La pauvreté littéraire (narrative, stylistique, ...) de ses bouquins n'est que l'expression de sa pauvreté intérieure, sans moteur, sans regard, sans valeurs. Qui résonne malheureusement dans notre monde creux comme tendent à le prouver ses prix littéraires et son (relatif) succès populaire.
    Au moins nous épargne-t-il les bons sentiments, seuls repères admis dans notre monde policé. Mais si on ne fait pas un bon livre avec des bons sentiments, on n'en fait pas un meilleur avec une posture intentionnellement inverse.

    Que se passe-t-il dans le monde économique ?

    Un chef d'entreprise doit décrypter le monde, avoir un point de vue pour savoir où aller, quelle stratégie définir. Il doit décrire le monde voulu de son entreprise, celui dans lequel sa stratégie pourra être mise en oeuvre. Notre responsabilité de conseil est de l'aider à formaliser cette ambition et de la faire partager par tous les collaborateurs pour réussir le passage vers cet autre monde.

    L'originalité et la clairvoyance du point de vue sont la clé de la réussite de l'entreprise, ce qui fera son caractère unique. Un dirigeant me disait dernièrement : "Savez-vous ce que les gens détestent chez vous ? Cultivez-le, c'est ce qui fera votre originalité et votre valeur."

    Au tribunal de la littérature, c'est bien la seule circonstance atténuante que je pourrais accorder à Houellebecq.

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