Histoire cycliste

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Un rappel préalable pour le lecteur débutant : le Monde auquel chacun appartient lui donne la grille de lecture des événements qu’il est amené à analyser. Autrement dit, si les faits sont objectifs, l’analyse qui en est faite ne peut pas être objective puisqu’elle est d’abord le reflet du Monde de son auteur.

Illustration :
Le fait : lors de la 15e étape du dernier Tour de France, Andy Schleck et Alberto Contador, les deux premiers du classement général sont au coude à coude dans la montée pyrénéenne du Port de Balès. Andy Schleck est alors victime d'un saut de chaîne et doit s’arrêter pour réparer. Alberto Contador ne l'attend pas, lui reprend 39 secondes et s'empare du maillot jaune pour 8 secondes.
Face à cet événement, un débat a enflammé le peloton : Alberto Contador aurait-il dû attendre Andy Schleck ?
1/Oui, il aurait dû attendre ! Les tenants de cette position ont eu des mots très durs « ce n’est pas correct », « colère », « je n’aurais pas aimé prendre le maillot comme cela », « je n’aurais pas profité de la situation »…
2/Non, il devait continuer ! Marc Madiot, un des grands directeurs sportifs du cyclisme, a défendu cette position : « un saut de chaîne est un incident mécanique et cela fait partie de la course. Schleck ne peut pas se plaindre, Contador n’a fait aucune faute. »

Qui a raison ?
Personne bien sûr.
Les tenants de « il aurait dû attendre » représentent un Monde du cyclisme très civico-domestique, qui a ses règles et dont un coureur n’a pas le droit de s’affranchir sous peine de devenir un paria dans le peloton. La règle est claire « pas d’attaque sur un incident mécanique de l’adversaire ».
L’analyse de Marc Madiot est celle d’un Monde beaucoup plus marchand, la compétition ne peut pas s’arrêter sur incident mécanique. Sa justification « la course ne peut pas s’arrêter au moindre problème et je ne pense pas que ce soit possible ! »
L’enseignement de cette histoire est que quand nous écoutons un commentateur relatant un événement, nous devons décrypter en quoi son analyse est largement conditionnée par son Monde.
Alors Contador devait-il attendre Schleck ? Qu’en pensez-vous ?

Bruno Jourdan

1 commentaire :

  1. Le vélo fait il partie de la course ? Ont ils tous le même vélo ? Non.

    Point de vue personnel :
    - si le vélo était livré par l'organisation de la course (donc le même modèle pour tout le monde) un coureur n'aurait pas du être pénalisé par un dysfonctionnement.
    - mais ce n'est pas le cas. On est bien dans une logique de "chacun son matériel". Le vélo fait donc bien partie de la course.

    Le point important est donc aussi qu'il faut surtout bien partager les règles qui définissent le jeu (ou l'évènement). Si les règles ne sont pas partagées les avis auront du mal à converger.

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