La Patrouille de France a 60 ans : Un monde de très haute performance durable

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La Patrouille de France fait parti de notre patrimoine national  comme le rappelle son 60eme Anniversaire.


Qui n'a pas attrapé un torticolis en observant leurs arabesques dans le ciel, en se souvenant de son âme d'enfant ?


En revanche le Monde interne de cette équipe d'élite n'est pas connu. L'un de ses récents commandants Yves Girard nous en dresse le portrait dans le cadre d'une intervention lors d'une convention concluant le lancement opérationnel d'un projet stratégique que P-VAL conduisait pour un client bancaire

Mon colonel, pouvez-vous nous faire partager la grandeur des Pilotes de la Patrouille de France ?
Oui, avec plaisir. La Patrouille de France rassemble en quelque sorte l'élite de l'élite des pilotes de l'armée de l'air. En faire partie est une consécration, mais c'est aussi se retrouver dans un milieu spécifique où il ne s'agit plus vraiment de se prouver des choses à soi même. La grandeur partagée est réellement la recherche du Mieux, pas du plus. Les Patrouilles nationales ne sont pas en compétition car chacune est par nature à la limite du possible. Le Mieux se traduit par la capacité à afficher une différentiation par l'identité du Pays représenté, pas par la compétition , surtout pas. La grandeur est donc toujours dans la prise de risque réfléchie ; nos démonstrations se font au dessus de milliers de spectateurs : un crash serait catastrophique.

Comment fonctionne ce que nous appelons la boucle de reconnaissance : Le pilote est reconnu, valorisé, sur quel principe ? par qui ? par quoi ?
La valorisation repose sur la capacité d'un Pilote a proposer ce "Mieux", c'est à dire à proposer et réaliser des figures innovantes dans une prise de risque réfléchie. Cela se joue entre les Pilotes. nous avons une totale autonomie au sein de l'équipe. C'est le regard de nos équipiers qui nous importent, ceux qui risquent leur vie avec nous.
Quelle est  alors la récompense ? C'est le plaisir du dépassement, l'adrénaline proche du combat "déclencher sa fumée c'est comme tirer un missile".

Quel est le prix à payer pour exister dans votre patrouille ?
Au delà du rythme de vie très particulier en raison des tournées, chaque pilote doit impérativement être capable de franchir les limites de ce qu'il croit possible pour lui : il faut franchir nos pensées limitantes.
Dans un autre registre il faut accepter l'échec d'une manière toute spécifique. Un simple incident, un touché, génère le départ immédiat.

Cela semble très dur ? Oui, mais c'est un principe clé de survie du groupe. Chaque pilote est tellement à la limite, concentré à 100% sur lui, qu'il ne peut pas se prendre en charge et surveiller son voisin. La confiance est totale ou elle n'est pas. La règle est connue et le départ est vécu "positivement" car c'est une mesure de protection de soi même face à l'exigence de cette confiance absolue, non surveillée.

Un Monde se traduit par des processus et des interactions collectives originales. Comment fonctionne la Patrouille de France ?
Vous avez raison, notre Monde est très organisé, structuré. Nos passerelles RH par exemple :
  • Le recrutement se fait sur les valeurs humaines avant tout car à ce niveau la compétence de pilotage est acquise
  • L'affectation dure entre 2 et 4 ans maximum. Au delà, la routine pourrait s'installer, la pression use aussi.
  • De même chaque année nous faisons évoluer la position du pilote dans la formation pour stimuler la remise en question
Tout est fait pour maximiser la confiance : nous volons à 800km/heure dans une bulle de 30 mètres de diamètre ! Ainsi nous formons une équipe inamovible : 1 pilote, 1 technicien, 1 avion, toujours les mêmes.
Les relations interpersonnelles sont un élément clé. Le verre au Mess fait partie intégrante de cette confiance si difficile à créer : se connaître - se reconnaître - être complice - avoir confiance.

Pour finir, comment se prennent les décisions dans un milieu aussi spécifique ?
Comme en combat la décision doit être autonome, immédiate. Vous avez 25 secondes pour décider de votre action avant de devenir la cible ! Cela nécessite d'avoir une grande capacité à hiérarchiser les priorités dans la masse d'informations captées. Ce qui est prioritaire l'est vraiment  ; un mauvais arbitrage est fatal
Cette instantanéité requiert un énorme travail de préparation. Le briefing est un temps fort extraordinaire pendant lequel chaque pilote vit sa figure par la pensée et par le geste

Alors, vous, nous simples terriens, que pouvons-nous tirer comme enseignement de ce monde de la très haute performance d'équipe ? Quel transfert est-il possible de faire dans un Comité de Direction ? une équipe projet ?



Laurent Dugas

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