Culture
toxique et démission : une corrélation mise en lumière par le MIT
Une étude
publiée par le MIT sur 500 entreprises et 34 000 salariés fait
apparaitre les causes de la "Great Resignation" qui a lieu aux Etats
Unis. En effet, entre avril et septembre 2021, plus de 24 millions d'Américains
ont quitté leur emploi. C'est un record absolu difficile à expliquer. Ce
phénomène n'a pas la brutalité US en France, mais il existe aussi et il
constitue un enjeu important pour les entreprises.
L'étude montre ensuite que les causes majeures de départs sont liées à la culture de l'entreprise, bien plus qu'au facteur Rémunération.
L'analyse de ces causes de départ n'est pas évidente
Une culture toxique
C'est un concept assez large, traduisant que le
collaborateur sent qu'il ne peut pas s'épanouir dans cette entreprise et qu'il
voit qu'une majorité d'autres pensent la même chose. Une culture toxique est
fondamentalement une culture qui annonce des valeurs et fait le contraire dans
la pratique. Elle dit "bienveillance" mais, dans la pratique, elle
fait vivre un climat de peur, elle dit "empowerment" mais, dans la
pratique, elle stigmatise toute prise de risque, etc.
Notre expertise MONDE analyse bien cela : quand le Monde est
désaccordé entre la Grandeur, la Reconnaissance, l'Interaction et la Décision,
le Manager et le collaborateur sont perdus. Cette dissonance parfois faible au
début devient vite toxique au cours du temps. Des changements de cap
stratégique, d'équipe dirigeante, des fusions, ... sont autant d'événements qui
mettent à mal la stabilité d'une culture d'entreprise, pour le meilleur comme
pour le pire.
Les autres leviers sont de fait corrélés à ce premier
élément, au sens où ils sont des révélateurs de dysfonctionnements plus
importants
Insécurité sur l'emploi et les réorganisations
Ces deux éléments amènent forcément chacun à se demander si
ce n'est pas le bon moment pour bouger et voir si l'herbe n'est pas plus verte
ailleurs. Ce sont aussi des signaux que la culture de l'entreprise est en train
de partir en ficelle. Les réorganisations ne font souvent que complexifier
l'exercice du métier sans apporter de réelles manières de faire autrement. Faites-en
3 en 5 ans et vous perdrez vos équipes qui ne savent plus où elles habitent.
Haut niveau d'innovation
Ce facteur semble surprenant, tellement la dimension
innovation est valorisée dans les entreprises. L'explication semble résider
dans la pression, l'exigence et la charge de travail que ces entreprises très
innovantes font porter sur les collaborateurs. Elles usent leurs collaborateurs
à toute vitesse, et comme elles ont une bonne image, se replacer chez un
suiveur moins dévorant est chose aisée.
Défaillance dans la reconnaissance de la performance des
employés
C'est une composante directe d'un Monde et ce point rejoint
directement le premier : une entreprise dont la boucle de reconnaissance
est défaillante devient vite toxique pour les performants qui vont alors voir
ailleurs.
Non prise en compte du Covid
Cela semble un facteur très US ; en France, j'ai plutôt
l’impression que les entreprises sont exemplaires. L'étude pointe que le
phénomène de la « Great Resignation » s’est développé simultanément à
la pandémie de Covid. Dans un contexte de crise sanitaire, la gestion inadaptée
des dirigeants (l’absence de politiques sanitaires et la non prise en compte de
la santé des salariés) a été un important catalyseur de démissions.
En synthèse, retenons que si le MONDE, qui organise
la culture de votre entreprise sur les 4 piliers Grandeur, Reconnaissance,
Interactions et Décision, est bien aligné sur votre Stratégie business et sur
les attentes de vos équipes alors votre taux de départ sera faible au sein de
votre secteur d'activité. Si, en revanche, votre Monde est désaccordé
alors vous serez dans la fourchette haute des départs. Il ne s'agit pas
d'apporter une réponse par le discours, les pseudo baromètres ou une
communication "Marque Employeur". Il s'agit de revisiter votre MONDE
avec rigueur et de le rendre tangible par des preuves concrètes, au quotidien,
par des Gestes observables et des actions simples mais vraies.
Laurent Dugas
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